dimanche 9 décembre 2007

PRISE DE TETE AVEC MORRISSEY


Big Mouth Strikes Again!” et “Is Morrissey A Racist?” Entre ces deux manchettes, la première étalée en couverture du New Musical Express et la seconde, publiée en une du sérieux quotidien The Independent du 5 décembre, il s’est à peine écoulé sept jours. Mais l’interview de Morrissey dans le grand hebdo musical anglais – et ses gesticulations juridiques pour tenter ensuite d’en interdire la publication, arguant qu’il avait été piégé – a ranimé un vieux débat sur son possible racisme, et tenu en haleine courrier des lecteurs et éditorialistes pendant une semaine. Les phrases incriminées sont accablantes, même si Momo jure qu’elles ont été sorties de leur contexte (il y aurait donc un contexte pour dire ça ?) : “Les frontières de l’Angleterre ont été submergées (…) On a soldé l’Angleterre (…) Si vous vous promenez dans le quartier de Knightsbridge, vous n’entendrez plus un seul accent anglais. Vous entendrez des accents de la planète entière, mais aucun accent d’ici (…) Vous ne pouvez pas dire : “Allez, tout le monde peut venir habiter chez moi, installez-vous sur mon lit, prenez ce que vous voulez, faites ce que vous voulez”. Ça ne marcherait pas (…) Ce que l’Angleterre est devenue n’a rien à voir avec ce qu’elle était. C’est déplorable, nous avons tant perdu au change…”

Ce n’est pas la première fois que Morrissey, provocateur né, barbotte dans ces eaux troubles, devant les yeux effarés du NME.

Le NME, choqué par les propos récents de Morrissey, lui avait même demandé un second entretien, pour clarifier certains points, voire se rétracter – sans grand succès, Morrissey invoquant à demi-mots la dictature du politically correct. les fans de Morrissey continuent de le soutenir en masse. Même Billy Bragg, conscience de la gauche de la gauche anglaise y est allé de son mot d’excuse : “Il n’a pas pigé qu’il jouait avec le feu. Je ne pense pas qu’il soit raciste. Just un peu couillon.”

Sur son site, Morrissey tente de désamorcer une provoc une nouvelle fois allée trop loin : “Je déteste le racisme, l’oppression ou quelque forme de cruauté. Le racisme dépasse l‘entendement et n’a pas la moindre place dans notre société.” Pas étonnant que le Mancunien, qui vit depuis belle lurette hors de ses frontières, ne reconnaisse plus l’Angleterre largement fantasmée de son enfance : sa dissolution est une réalité. On ne peut que le constater. Reste à savoir si on peut le déplorer – et surtout, reprocher aux immigrants les effets mécaniques de la mondialisation, quand on vit soi-même en Californie ou à Rome. Pour la prochaine interview du Moz dans le NME, attendre 2019.

Aucun commentaire: